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Page:Potvin - Le Français, 1925.djvu/186

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LE FRANÇAIS

le charriot circulait d’une extrémité à l’autre de l’appentis ; il allait et venait sur deux minuscules rails, promenant le billot au long de la scie qui faisait entendre des plaintes stridentes et enlevait à chaque retour du charriot de larges tranches à la bille de bois. Du dehors, à intervalles réguliers, l’on voyait surgir et disparaître tour à tour ce charriot. La grand’scie taillait à volonté des madriers et des planches. À côté, il y avait le déligneur composé d’une petite scie circulaire et d’un autre charriot, long et bas, et faisant pour les planches sorties de la grand’scie ce que faisait le gros charriot ; chargé plus légèrement, il allait et venait à une allure plus vive, promenant la planche ou le madrier dont on voulait entailler à vive arête les rebords rugueux liserés de l’écorce de l’arbre. Plus loin, vis-à-vis le déligneur, l’on entendait le bruit court et brusque de la découpeuse qui avait pour objet de rogner les bouts irréguliers des madriers et des planches. Enfin, à la suite de la découpeuse, venait la planeuse qui enlevait au bois scié sa rugosité et le rendait doux comme verre, simplement en le passant doucement entre deux rangées de rouleaux de fonte et de couteaux mécaniques qui tournaient avec une grande vélocité, produisant à leur contact avec le bois un bruit assourdissant qui se faisait entendre par-dessus celui de toutes les autres machines. En dessous du plancher solide qui supportait toute cette machinerie sourdement trépidante, se croisaillaient en tous sens les courroies, les poulies, les arbres de couche couverts d’une épaisse croûte de bran de scie mêlé à l’huile qui dégoulinait sur