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LE FRANÇAIS

Arthur, si tu « foxais » pas tant, la maîtresse serait pas obligée de tant crier après toi. »

Et le malheureux Arthur, à la suite de cette virulente apostrophe, encore qu’il n’en parut que fort peu humilié, eut à subir un long réquisitoire où l’on avançait, entre autres crimes, que lui, Arthur, alors que sur sa parole ses parents le croyaient à l’école, était allé pêcher au lac avec d’autres renards de son espèce ; qu’une autre fois, il avait trouvé le moyen de sortir de l’école et de se rendre jusqu’au village pour voir un montreur d’ours arrivé le matin, par le bateau venant de Haileybury… « Ah ! tu pensais qu’on le savait pas, hein ? » lança madame Duval, s’adressant à Arthur qui, souriant probablement au souvenir des exploits de l’ours des Pyrénées en visite à Ville-Marie, sans lever la tête, grignotait jusqu’au coton avec ses dents de jeune chat sa troisième quenouille de mais.

Les petites, se regardant, riaient de la mine déconfite de leur jeune frère. Jean-Baptiste Morel, comme un homme qui n’aurait rien autre chose à penser et qui veut se payer un instant de distraction puérile, s’amusait à ce procès d’Arthur et riait avec les fillettes cependant qu’il ne négligeait pas son assiette que lui remplit, une deuxième fois, André Duval insistant, du reste, plus que de raison pour le faire manger.

« Vous excuserez bien, M. Morel », expliqua madame Duval, « mais je savais pas qu’on aurait de la visite à midi ; c’est le dîner ordinaire de la famille, vous savez… C’est drôle, André, mais moi j’trouve qu’l’lard est pas bon, cette année ; j’pense qu’on a pas