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Page:Potvin - Le Français, 1925.djvu/274

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LE FRANÇAIS

tivement perdue. Il ignorait ce qui s’était passé dans le cœur de Marguerite alors qu’agenouillée, humiliée au milieu de la place, elle avait jeté son choix au milieu d’un torrent de vraies larmes qui en cimentaient, pour ainsi dire, la fermeté. Pour tranquilliser son cœur, Jacques aima finalement à se dire, à se convaincre, que le flirt se continuait… toutefois, avec un peu plus de persistance qu’il l’aurait voulu. Bah ! les gens diront ce qu’ils voudront. Quant à lui il aura encore sûrement l’occasion de jeter ses dernières amorces…

Une heure avant la fin de la veillée, l’on réussit à convaincre madame Gagnon qu’il n’y aurait, vraiment pas de mal à terminer la fête de la Sainte-Catherine par quelques danses carrées, pendant que les vieilles gens, dans la cuisine, finiraient leur partie de pommes. Cette partie, en effet, se continuait, avec un acharnement accentué par l’influence joyeuse des tournées de vin de bleuets que madame Gagnon n’avait pas ménagées dans cette pièce, faisait monter le diapason des voix à l’égal des mises qui se chiffraient maintenant dans les douzaines : « Cinq douzaines de mieux », avait-on même entendu crier sur les onze heures. Le vin de bleuets de madame Gagnon avait des effets surprenants.

C’est également sous l’influence du cru des savanes outaouaises que la permission de danser fut assez facilement obtenue des gens mariés. La joie des jeunesses fut à son comble. Pendant une heure, on y alla carrément ; il est vrai qu’il s’agissait de danses dites carrées : quadrilles, « arlepapes » — horn-pipe — lan-