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Page:Potvin - Le Français, 1925.djvu/51

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LE FRANÇAIS

Ensuite, il voit un vieux mendiant qui se tient sur le perron de la petite église et qui tend la main à ceux qui passent ; il voit encore une petite maison avec un toit de briquettes et une échelle qui est posée dehors et qui grimpe sous le toit ; la maisonnette a des vitres fendillées. Ensuite, il voit… Que sais-je ? Il voit une femme au visage très doux et un homme qui a l’air grave et soucieux… La vision change encore. Le malade se sent au carrefour d’un bois de châtaigniers, et il porte sur ses épaules un petit sac dans lequel il y a du linge frais, du pain et des fromageons de chèvre avec quelques oignons doux. Il se détourne et aperçoit à côté de la maison au toit de briquettes et aux vitres fendillées, trois silhouettes : deux petites filles qui agitent leur mouchoir et une vieille femme qui pleure… Puis, il ne voit plus rien et c’est comme un grand trou d’ombre…

Mais un peu plus tard, il sent qu’il ouvre les yeux, cette fois, à la réalité. Il est lourd ; il a mal à la tête et la poitrine lui pèse. Il voit à son chevet penchée sur lui une grande jeune fille qui lui présente un bol qui fume et, au pied du lit, un homme qui le regarde attentivement. Puis, le souvenir lui vient, peu à peu, péniblement, comme d’un rêve, au sortir d’un sommeil troublé… C’est une histoire que, dans quelques jours, quand il renaîtra complètement à la vie, il racontera à Marguerite et à Jean-Baptiste Morel, ses sauveurs…

Il s’appelle Léon Lambert et c’est d’un petit village des âpres Cévennes françaises, aux pieds des Gar-