— Imagine-toi que sous prétexte d’hygiène, mon mari me force de marcher avec lui de longues heures, le soir, quand personne ne nous voit et qu’on ne voit personne…
— Quelle horreur !…
— Oui, vois-tu, il ne veut pas comprendre que cela m’épuise.
— Alors, tu préfères rester toute la journée à la maison ?…
— Y penses-tu ?… Je trotte tout le temps. Tiens, aujourd’hui, j’ai fait dix magasins. Je suis restée chez Paquet quatre heures debout pour essayer…
— Si ton mari t’entendait…
— Les hommes ne comprennent rien, ma chère…
— C’est vrai… et je sais pourquoi, moi, un vieux monsieur me l’a expliqué, l’autre soir, dans un « scope » Il l’avait lu dans un livre. Voyons… ça commence au Paradis Terrestre…
— Non !
— Parfaitement. Tu sais qu’Ève a goûté la première à la pomme ? Ce n’est qu’après de longues hésitations qu’Adam s’est décidé à manger sa part du fruit défendu et il a à son tour possédé la science du bien et du mal promise par le serpent. Mais Ève avait sur lui près d’une heure d’avance… et cette heure-là, ma chère, les hommes ne l’ont jamais rattrapée…
Les deux jeunes femmes s’esclaffèrent.
« Charmant » , fit Lamirande, en entraînant son ami.
Ils passèrent près de l’honorable Adolphe Lepire qui développait une thèse au milieu d’un groupe de