Page:Potvin - Le membre, 1916.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
142
LE « MEMBRE »

moi… Je serais un mauvais chef de parti… Que diraient les autres ?…

— Mais Monsieur le Premier, hasarda Mansot, atterré…

— Si le « Dominion », continua le Premier, dans le prochain article qu’il promet, donne votre nom, il faudra aussitôt remettre votre démission au président de l’Assemblée.

L’avocat et son client étaient consternés. Le premier ministre maintenant s’éloignait. Lamirande voulut de nouveau intervenir, tenter quelques arguments nouveaux…

— Inutile, M. Lamirande… répondit Sir Omer… Vous aviez raison, votre cause est trop mauvaise… trop mauvaise…

Et le premier ministre disparut dans le couloir.

— Mon pauvre Donat, dit l’avocat, je l’avais prévu : ce n’est pas quand tu vendais aux Américains tes collègues et quand tu te vendais toi-même, que tu signais ton arrêt de mort ;… ce crime-là, il peut encore se pardonner, s’effacer. La faute que tu as commise en critiquant dans un moment de trop grande et de trop coupable sincérité la politique de ton gouvernement ne se remet pas. C’est, dans la théologie politique québécoise, ce que l’on peut appeler un crime de présomption, un péché contre le Saint-Esprit et tu sais qu’il n’y a pas de rémission contre ces péchés-là…