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LE « MEMBRE »

Ce qui est fait est fait. Il ne s’agit plus que d’oublier. Une fois remis tout-à-fait, tu auras le devoir envers toi-même de te refaire une vie… Tu n’as pas de projets ?

— Et, comment veux-tu que j’aie fait des projets… Je viens de l’autre monde.

— C’est vrai… un mort, un revenant ! Tu vois, j’oublie vite moi, je n’y pensais plus déjà. Fais de même. Le passé est passé. Face à l’avenir.

— L’avenir…

— Il n’est pas très rose, c’est vrai, mais il n’est pas si sombre que tu peux le croire… qu’il t’est permis de le croire dans l’état d’esprit où tu te trouves en ce moment… Alors, commençons par le commencement, je présume que tu en as assez de la politique ?…

— Hélas ! j’en ai même trop… Au reste, comment pourrais-je même penser à cette vie-là. Je ne suis plus député et pourrais-je jamais le redevenir ? Il faudrait me faire réélire et comment affronter mes pauvres chers électeurs ?…

— D’abord, tu ne les connais pas tes pauvres chers électeurs pas plus que tu ne connais les électeurs des autres comtés de la province. Ils t’éliraient, tous !…. Je te dirai franchement que tu ne le mériterais pas, ils t’éliraient quand même. Mais tu ne te présenteras plus, tu fais bien. Tournons nos yeux ailleurs… Ta situation est-elle vraiment si pénible ? Que diable tu es un homme et devant un homme, il n’y a pas que je sache que la carrière politique qui soit ouverte. C’est même la dernière, à mon sens ; en tous cas, elle est la plus ingrate, la plus difficile… pour un naif