le premier ministre, en enlevant son veston. On peut se mettre à l’aise ?…
— J’allais vous le proposer, dit M. Lepire ; au reste, la table nous attend. Vous savez, elle est dressée là, dans le parc, sous les arbres.
— Ça s’ra pas de refus, vrai, hasarda M. Beaulard, j’ai un creux, un vide…
— Où ? demanda le Secrétaire, impitoyable.
— Mais dans l’estomac, parbleu !…
Cinq minutes plus tard, les ministres étaient à table. Sous leurs pieds, le gazon était fourni comme l’était le feuillage des trois chênes qui abritaient la table, le couvert et les convives. Ils semblaient avoir été plantés là exprès.
« Je dois vous prévenir, fit remarquer M. Lepire, que « l’ordre du jour » n’est pas très chargé. Nous avons tout bonnement fait sauter un lièvre et il y a de quoi faire une petite matelote que je confectionnerai moi-même à mesure que nous la dégusterons. »
— Une matelote, comme ça touche à la marine, dit le ministre des Travaux Publics, il convient, en effet, que vous vous en chargiez.
— Vous verrez comme je m’y entends, répondit M. Lepire. Je serai comme le chef de notre flotte.
— Ministre de la Cuisine, alors, riposta l’honorable M. Baron. Au fait, ne le sommes-nous pas tous un peu ?
— Nous avons aussi la petite surprise, continua M. Lepire ; découvrant un énorme melon que l’on avait couvert de feuillage ! tenez ! flairez-moi cela ; un can-