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LE « MEMBRE »

plus court, il s’agirait de faire passer le courant du Labrador en dessous du Gulf Stream et, d’après nos savantes expériences, nous aurions ainsi la chaleur dans les régions froides et le froid dans les pays chauds. Un milliard suffirait pour cela. Vous devinez le reste. Nous achetons le Labrador, nous le divisons, nous le défrichons et nous commençons les plantations… Capital : un milliard ; action, mille piastres. Nous vendons les actions à toute l’Amérique ; nous formons des rentes inépuisables au moindre souscripteur et nous, nous marchons cousus d’or… Allons ! messieurs, cela vous va ?… Vous en êtes ?… »

— Admirable conception !… déclara Ewart Hall et j’y adhère d’autant plus que du temps que j’étais à Colombia j’ai lu un livre de l’ingénieur Livinston Ricker, « La Puissance de la canalisation du Gulf Stream » dans lequel ce projet est décrit tout au long et que j’ai trouvé plein de bon sens…

— Alors, M. Sharp, interrogea Stevenson, vous ne voyez aucun obstacle à la réalisation de ce gigantesque projet ?

— Si, mon ami, j’en vois un qui sera assez difficile à surmonter peut-être et c’est ce dont j’allais vous entretenir avant que vous me posiez votre question. Cet obstacle, messieurs, nous viendra de la province de Québec, c’est-à-dire de son gouvernement.

— Alors, ce n’est plus du nord que nous vient la lumière… mais l’obstacle, hasarda, en souriant, Harold Stevenson.

— Et la nature de l’obstacle ? questionna Hall.

— Très simple et très naturel. Le gouvernement