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le tour du saguenay

d’avant attache l’amarre à la pince du canot et épaule son fusil pour tirer au moment où le malheureux cétacé reviendra prendre haleine à la surface. Ordinairement, le premier coup ne suffit pas pour tuer le monstre ; le chasseur doit être vif pour filer aussitôt de la ligne, car le marsouin, se sentant atteint, reprend sa course. Ce n’est souvent qu’au quatrième ou cinquième coup de fusil que l’on réussit à achever l’animal. Le yacht s’approche alors, à un signal lancé du canot. Le marsouin est toué dans l’anse la plus proche où il est aussitôt dépecé.

La saison de la chasse aux marsouins dure des premiers jours de juin aux derniers jours de juillet. Le nombre des marsouins tués varie avec les années, mais il n’est jamais très considérable pour chaque chasseur. La meilleure prise qui se soit faite encore est de soixante pièces : c’est le record établi par Gabriel Boulianne en 1900. Autrefois, on chassait le marsouin avec des yachts mêmes ; les chasseurs se servaient alors de marsouins empaillés qu’ils traînaient à l’arrière pour attirer les vivants. C’était beaucoup moins dangereux. Mais, avec le temps, les marsouins se sont raffinés et leurs collègues empaillés n’ont plus de chance d’attraper les vivants.

Dans ces parages de Tadoussac, on voit, assez souvent, un monstre beaucoup plus terrible que le marsouin. C’est le gibard qui appartient aussi à la famille des baleines. Sa vigueur est telle que les chasseurs, à cause des risques courus, ne trouvent pas profitable d’en faire la chasse. Les seuls qui aient été capturés l’ont été par des gens de Tadoussac. Ce cétacé est d’un brun verdâtre et sa longueur est de vingt-cinq à trente pieds.