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Peter McLeod

Deux jours après, Tommy Smith arrivait de nouveau chez lui, au Rocher. Cette fois, il n’était pas seul. Fred Dufour l’accompagnait. Mary Gauthier, comme bien l’on pense, lui fit un chaleureux accueil ; et Fred Dufour fut le plus heureux garçon du Domaine du Roy. On ne l’eut tout de même pas dit…

Fred Dufour n’avait rien de l’amoureux romanesque. Sa personne ne s’enveloppait guère de rêve ni d’aucune poésie. Animé de l’ardeur simple et un peu méprisante des amours paysannes, il était content, mais sans plus, de se sentir dans l’atmosphère de la jeune fille et ne désirait que recevoir d’elle sa plus grande joie. Ça lui suffisait. Mary le fascinait par sa gaieté, par sa puissance de vie, aussi par son aisance en toutes choses et, davantage, par la richesse charnelle qui éclatait aux fortes lignes de son corps et sur son visage sain…

…Et tout cela, encore une fois, suffisait à Fred Dufour, sans qu’il se crut obligé de le dire à tout instant à sa dulcinée.

Aussi, cet amoureux aussi transi qu’on peut l’être se contenta-t-il de dire en revoyant la jeune fille

« Mary… vrai ! tu nous as fait une peur !… Mais comment Peter McLeod va-t-il prendre… la farce ?

La farce… Tommy Smith l’avait dévoilée à Fred Dufour peu d’instant après l’arrivée de celui-ci au Poste. Mary Gauthier la savait…

Quand, en arrivant au Poste, ce soir-là, Fred Dufour eut reconnu Tommy Smith, la bête noire de Chicoutimi, de saisissement, il recula, mais se ressaisissant, il fit un mouvement comme pour se jeter sur