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Peter McLeod

fit une excursion au Grand-Brûlé, jeune paroisse de colonisation qui venait de surgir dans la plaine, entre la Grand’Baie et Chicoutimi. Trois chevaux avaient été attelés à une longue charrette sur laquelle on avait disposé des bancs de fortune, et ce fut miracle que ce primitif véhicule put résister aux ornières et aux dos d’âne dont était criblé le mauvais chemin de colonisation qui conduisait, depuis quelques mois seulement, au Grand-Brûlé. Le matin brumeux s’égouttait en brume. Au départ on avait craint, un instant, la pluie. Le ciel était sombre. Mais le père Morin, une autorité en cette matière de temps, rassura tout le monde. « Le temps s’arrange, les enfants, les Monts Ste-Marguerite se dégagent. Il va faire beau… » Le temps s’arrangea. Durant tout le voyage, le soleil tapait et les oiseaux criaillaient tout le long du chemin.

On revint le soir, affamé, heureux.

Pendant ce temps on avait organisé le souper des noces et la veillée qui devait suivre dans la maison du moulin que Peter McLeod avait mise à la disposition des mariés et de leurs gens. Toutes sortes de bonnes choses frillaient encore sur le poêle et les femmes appropriaient la vaisselle quand les excursionnistes arrivèrent. Le soleil se couchait mais il faisait encore clair. Le ciel, plein d’une tendre langueur, s’étendait sur toute la terre. Un peu de brise s’était élevée du Saguenay apportant une odeur de montagnes et de grande eau.

Les hommes du moulin avaient fini leur travail. Ils s’étaient lavés. Les visages, semblait-il, étaient hui-