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Page:Potvin - Peter McLeod, 1937.djvu/27

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Peter McLeod

Il était donc tout naturel, depuis, qu’il ne vouât pas au “boss” un amour de tous les instants. Toutefois, par un sentiment revers dont il ne se sentait pas le maître, il admirait Peter McLeod. Il exaltait ses qualités, sa franchise surtout, sa bonté naturelle, son esprit de justice envers les hommes, sa loyauté souvent. Il aimait aussi ses défauts : son audace téméraire, sa brutalité même envers certaines brutes à face humaine qu’il avait à conduire. Il savait qu’une chose que ne pouvait souffrir Peter McLeod, c’était qu’on maltraitât des faibles, encore qu’il n’ignorait pas qu’il agissait ainsi moins par générosité que par un sentiment altier de sa force.

Connaissant donc Peter McLeod sous tous ses angles, on peut comprendre que ce ne fut pas, comme on aurait pu le croire, par ironie que Fred Dufour, avant son départ pour l’Anse-au-Cheval, avait placé Mary Gauthier sous la puissante protection de son antagoniste de la veille. Il était sincère. Il connaissait assez son rude patron pour savoir qu’en lui confiant la garde de celle dont il rêvait de faire prochainement sa fiancée, et sa femme tout de suite après, son geste supprimait chez Peter McLeod toute tentative de privauté contre Mary, du moins, tant que Fred Dufour serait loin d’elle. Après, face à face, on verrait.

Peter McLeod n’aimait pas à frapper en arrière ou en bas de la ceinture ; aussi, Fred Dufour se retranchait derrière le mur de sa loyauté naturelle. Il était malin sans le savoir. Et il est possible que Peter McLeod soupçonnât le piège. Il ne le fit pas voir.