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Peter McLeod

miliait jusqu’à le muer en un imbécile qu’il cherchait ensuite à abrutir, pour en faire le souffre-douleur de ses compagnons : puis, quand le malheureux était parvenu au fond de l’abîme où il avait pris plaisir à le plonger, il le relevait soudain par une promotion qui ahurissait les autres. Bref, il y avait cinquante natures dans cet homme qui promenait sa domination sur quelques trois cents têtes continuellement pliées sous sa main de velours enfermée dans un gant de boxe…

Peter McLeod était surtout remarquable par ce que l’on pourrait appeler le “fixed of purpose”. Quand il avait entrepris une chose, il fallait qu’elle se réalisât. De ce côté il était franchement Écossais de nationalité. Mais il était Anglais par son désir de conquérir, de dominer, quels que fussent les moyens qu’il employât. Ajoutons qu’il avait aussi dans ses veines maints filets de sang sauvage par ses vices, ses excès, sa cruauté et aussi par son dévouement qui n’avait plus de bornes quand il était parvenu à savoir où le placer.

À cause de tout cela, il était plutôt sympathique. Son esprit pénétrant agissait comme un corrosif. Son allure était vive : il avait des yeux gris profondément attentifs. Il possédait l’art d’amener les gens à s’ouvrir à lui malgré la rudesse de son contact.

Enfin, encore au point de vue physique, jamais homme plus adroit et souple ne vécut sur terre. Acrobate, lutteur, coureur, il fut tout cela. De ce côté il tenait du sauvage.

Et, pour terminer ce portrait compliqué : ivrogne. On ne le fut jamais davantage. Il mettait son orgueil à accomplir, une fois entré dans le domaine de Bac-