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Peter McLeod

aux hommes leurs souvenirs de jeunesse dans les chantiers.

« En ce temps-là, » contait Joe Morin, « nous aut’s, les jeunesses, dans les chanquiers, on croyait dur comme fer à la chasse-galerie… vous savez, c’te magnière d’voyager dans l’air avec des canots d’écorce que l’guiable menait à la pince, soit dit entre nous’aut’s… Vous savez, c’était des blagues tout ça. Quand à moé y a ben trente ans que j’cré pu à ces affaires-là. »

— Eh ben moé, Joe, j’y cré encore, répondait Toine Boudreau… Y a encore d’là chasse-galerie au jour d’aujourd’hui…

Et Toine lançait un jet de salive sur le parquet pendant qu’il jetait un regard de défi à Joe Morin. Les hommes, histoire de s’amuser et de poser aux esprits forts, l’approuvaient de la tête et souriaient

« On peut toujours pas nier c’qu’on a vu, reprit Toine Boudreau ; et moé j’vous dis qu’j’en ai vu des affaires de chasse-galerie… Tenez, un jour, non, un soir d’là Sainte-Catherine, dans un campe ous’qu’on était su l’Saint-Maurice, pas loin d’là rivière Croche, on s’est-ti pas mis en frais d’aller chercher du whisky à Trois-Rivières, en canot, dans les airs !… On est parti. On a fait l’voyage dret dans une heure, pi on est revenu. On a bu et on a dansé toute la nuit. J’vous assure que quand on a commencé la soirée y avait pas une torvisse de goutte de boisson dans l’campe et dans les environs. Ça, creyez-moé ou creyez-moé pas ; c’est la pure vérité. »

Et Toine, fier de son histoire, alluma tranquillement sa pipe qui s’était éteinte. Ces révélations stupé-