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Page:Potvin - Peter McLeod, 1937.djvu/81

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Peter McLeod

tache sombre. Des collines moutonnées avançaient jusqu’aux berges de la rivière. On n’entendait dans tout le hameau que le bruit confus des voix dans la maison du réveillon.

Jean Gauthier entra. Un profond silence se fit aussitôt à l’intérieur. La plupart des hommes étaient déjà à table et mangeaient goulûment. Tous se tournèrent avec anxiété vers le contremaître qui dit simplement, las :

« Mary n’est pas à la maison…

Il s’assit près du poêle, plié en deux, les mains tendues vers la masse de fonte qui devenait rose. À ce moment, la porte grinça, s’ouvrit et lança une traînée de froid sur le plancher. Un homme blanc comme un Pierrot entra :

« Ah ! ça, voulez-vous bien me dire ce que vous faites là figés comme des souches ?…

On lui désigna silencieusement Jean Gauthier affalé près du poêle.

« Qu’est-ce qu’il y a donc, Jean ?

— M. McLeod… Mary a disparu.

— Mary a disparu !… Goddam ! qu’est-ce qu’on me chante là ? Qu’est-ce que vous voulez dire ?…

— On veut dire que Mary Gauthier a disparu, quoi ! fit un des hommes.

— Je sais bien, brute !… vous venez de me le dire… et vous êtes là comme des andouilles à regarder le fourneau de votre pipe !… ou à vous empiffrer… Mary a disparu, où, comment ?… Mais, Goddam !… parlez donc, vous devez savoir quelque chose !…