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Peter McLeod

naissance ni des chiens, ni du cométique, ni de la femme… ni du bandit ?

— De Tommy Smith ?… Vous êtes sûrs qu’ils ont pris par ici ?

— On sait pas. On marche comme ça, au hasard : on va se rendre jusqu’au poste de l’Ashuapmouchouan… jusqu’au diable s’il le faut.

— C’est ça… vous avez raison, le lac est beau, vous savez : il n’y a pas trop de neige et elle est « marchante ». Il y a ici un sauvage qui a traversé le lac, hier, dans cinq heures, sans se forcer. Il a pris tout son temps… Il est vrai que c’est un marcheur dépareillé… Mais, vous allez coucher ici, hein ? sans cérémonie…

Deux autres sauvages entrèrent et le commis cacha ses verres et son cruchon. Les sauvages marchandèrent de la farine et du lard fumé. Ils donnèrent en échange d’un petit sac de farine et de quelques couennes de lard, des peaux de rats musqués. Alors, Peter McLeod, histoire de faire dévier la conversation avec le commis qui commençait à l’irriter, demanda en montagnais aux sauvages :

— « Ça va, la chasse ? »

« Pas bonne… mauvaise », répondit l’un des indiens… « Gibier tout parti, loin, loin… Misère beaucoup, gros… Mourir tous si blancs chassent encore dans nord… »

Et le sauvage, devant l’intérêt qu’il semblait provoquer. se lança plus loin dans la voie de ses graves confidences :

« Tu sais… chefs aller à Chicoutimi vite, vite…