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Puyjalon

pages s’ouvrent continuellement devant lui ; et il veut apprendre, curieux de ce qu’il ne sait pas : « Apprendre », écrit-il, « me paraît la seule chose réellement intéressante ici-bas ; pour savoir demain ce que je ne sais pas aujourd’hui, il n’est rien que je ne puisse accomplir ».

Il voulut même apprendre comment se préparait le « ragoût de Ludivine », ce qui lui valut une aventure… gastronomique qu’il raconte avec beaucoup d’humour dans ses « Récits du Labrador ».

C’est donc grâce à cet esprit d’observation, à ce désir d’apprendre et de faire apprendre, peut-on dire, qu’il passa les vingt-cinq dernières années de sa vie à établir la nomenclature des espèces du Labrador canadien : énumération, description, classification d’animaux, de végétaux, de minéraux, de poissons, matériaux disparates d’un savoir universel qui se sont accumulés en plusieurs manuels et en d’innombrables rapports. Et quelle agréable méthode, si peu sèche, pas du tout didactique, où il n’y a rien du pédagogue. Comme Rivarol, il s’amuse à diviser les animaux en « personnes d’esprit » et en « personnes de talent » ; d’ailleurs, il les avait déjà divisés lui-même en « bêtes futées » et en « bêtes non futées » ; avec l’abbé Delisle, il s’émerveille de « l’irrégularité de la Nature » ; avec J. J. Rousseau, « tout est émerveillement dans le murmure des forêts et le comportement des eaux ». Bref, une espèce de romantisme se mêle à cette tentative de vulgarisation de l’histoire naturelle.

Dans l’ordre des sciences naturelles, le laboratoire n’est pas le commencement et la fin de tout travail ; il