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Puyjalon

Au Labrador canadien, tout à son plaisir de la chasse et de la pêche, Henry de Puyjalon voulut aider à partager sa passion, les Canadiens du Québec, eux aussi, par atavisme, chasseurs et pêcheurs passionnés, descendants des premiers colons français, tous grands chasseurs, mais qui chassaient surtout par nécessité. Et, après Frank Forrester qui nous apprit que notre pays était le « Paradis de la Chasse et de la Pêche », Henry de Puyjalon a pensé démontrer aux gouvernements qu’ils agiraient sagement en inscrivant ce « paradis » dans la colonne de notre actif national ; et à nos populations qu’elles devraient ajouter au plaisir de faire le coup de feu dans nos bois et de fouailler nos eaux, à cette sympathie, l’intérêt même pécuniaire :

« La chasse », écrivait-il, « est à la fois un plaisir et une étude ; la chasse est aussi une grande passion, la plus absorbante, la plus dévorante, la plus délirante des passions.

« Qu’étaient l’amour, la fortune et l’ambition aux époques bénies où l’homme et le Grand Ours habitaient des cavités voisines ? Qui oserait prétendre, après avoir lu Monsieur Boucher de Perthe, que le plus idiot des troglodytes eût hésité, un instant, entre un fusil à percussion centrale et la plus suave des Èves de l’âge de pierre, eut-elle été embellie des millions de Monsieur Vanderbilt et de la Couronne de Monsieur Carnot ».

En proie à une passion aussi éloquemment exprimée, on conçoit qu’Henry de Puyjalon ait aimé non seulement la chasse mais aussi le chasseur. Aussi a-t-il fort énergiquement défendu ce dernier contre les brocards, assez stupides d’ailleurs, dont on l’a toujours