XV
RESQUE tous les émigrants de cette époque
— de 1834 à 1855 — ne partaient que
pour un temps, beaucoup même pour une saison
seulement, comme ceux qui allaient au Vermont
à l’époque des récoltes. Mais l’homme
propose et Dieu dispose. Tel qui n’était parti
que pour quatre ou cinq mois laissait traîner
son absence en longueur par une circonstance,
puis par une autre, s’habituait au pays, et finissait
par y demeurer… Un grand nombre cependant
revenaient au pays ; mais les habitudes
plus dispendieuses qui existent là-bas avaient
souvent absorbé leurs gages, en tout ou
en partie, et peu d’entre eux tiraient de leur
voyage un profit réel pour acheter et défricher
une terre à leur retour. Ils se trouvaient en outre
un assez grand nombre d’immigrants, même
parmi ceux qui avaient conservé quelqu’aisance