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le grondait et qu’il était sûr de lui avoir fait de la peine ; on le voyait baisser la tête avec une envie de pleurer. Oui, c’est vrai, il avait été un peu « mauvais sujet » comme le lui avait dit souvent son père. Il n’avait jamais été libertin.

Mais après ?…

Après, quand il eut brisé le joug de l’autorité paternelle, quand il eut connu la vie des villes, des étonnements de toutes sortes avaient commencé pour lui et il avait vécu des jours d’une vie troublée…

Plus que dans toute autre ville, peut-être, dans l’immense métropole américaine, il y a, dans les quartiers ouvriers, des maisons qui s’éclairent, le soir, aux heures où tout commence à se tranquilliser, dans le reste de la ville. Il sort de là d’étranges odeurs de fumée et d’alcool ; il en sort aussi des bruits d’enfer. Là, des groupes de sans-patrie, de sans-famille et de sans-travail vont faire tapage et s’étourdir, absorber, par besoin ou par bravade, d’incroyables quantités d’alcool, arrêter, comme à plaisir, la sève de leur vie, jeune pour la plupart.

Il se passe là d’effrayantes bacchanales.

Oh ! quelle tristesse navrante s’emparerait de nos cœurs s’il nous était donné, un instant, de pénétrer dans l’un de ces antres du vice et de la débauche ; d’écouter les conversations