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je traverse et il faut subir mon sort comme je vous l’ai dit. Je vous écrirai de là-bas.

Je vous embrasse tous de tout mon cœur, en vous priant de ne pas m’oublier, malgré tous les chagrins que je vous donne. J’embrasse Jeanne aussi.

Votre fils qui vous aime bien,

PAUL.

Ah ! ceux qui sont aimés ne devraient jamais partir !…

Jeanne finit sa lecture et pleura. La mère, elle, poussa un soupir, un de ces soupirs de femme raisonnable et forte qui sont, avec les larmes d’amour, les plus beaux trésors de la terre… Puisqu’il faut, hélas ! se résigner à les voir grandir, les enfants, il faut aussi s’attendre à tout de leur part. Quand ils sont tout petits, elles sentent bien les mères, que plus ils grandiront, moins ils seront leurs enfants ; elles savent bien que, parvenus à un certain âge, ils vont leur échapper, peut-être pour toujours. Ils ne cherchent qu’à se détacher, ces petits ingrats. Leur première séparation date de leur naissance. Alors, on a beau être leur mère, on n’a que deux bras pour les retenir…