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XXVIII



UN soir de fin de juin.

La mer bat à petits coups rapides, phosphorescents, les flancs d’un grand navire encore au repos, secoué seulement par le grondement des machines et le chargement des bagages. La statue de Bartholdi, « la Liberté éclairant le monde », dresse son fanal flamboyant, haut dans le ciel, jetant une note de clarté aveuglante sur les milliers de maisons de plaisance, d’hôtels, de villas, qui enserrent la magnifique rade de New-York, et, par la projection, au loin, de ses vives lueurs, traçant sur les flots une traînée resplendissante…

L’émotion intime et profonde, trempée de larmes qui, bon gré mal gré, règne sur les navires à cette heure des séparations peut-être éternelles, gagne tout le monde, même les indifférents, même les heureux. Un murmure