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en plus élevés, des travaux rendus davantage faciles, d’année en année et dans tous les métiers, par les multiples inventions du génie humain, ne réussissent pas à contenter ? Cent fois plus que les États-Unis, l’Europe est à redouter pour nos émigrés de toute classe. Le changement de tout, de climat, de nourriture, de mœurs, de méthodes dans le travail, et, avec cela l’isolement accablant, n’en constituent que les moins dangereuses perfidies. Ah ! eux, ils auront beau avoir l’énergie, la volonté, le zèle, enfin, toutes les belles qualités d’où dépend, pour ceux qui viennent chez nous, la promptitude comme l’amplitude du succès, il leur manquera toujours, à l’encontre de ces derniers, l’élément nécessaire pour les faire valoir. Chez nous, le « surcroît » fera défaut, peut-être, souvent, aux immigrés. La Providence ne s’engage pas toujours à donner plus que le denier promis ; là-bas, pour les nôtres, c’est « l’indispensable » qui manquera le plus…

Non, Paul n’avait pas raison d’assimiler son sort à celui des immigrés au Canada. Encore une fois, il se trompait étrangement ; il était mille fois plus à plaindre qu’eux.

À la question qu’il s’était posée en arrivant : « Qu’est-ce que font les milliers d’individus qui vont chercher du travail dans mon pays ? » il n’eut qu’une réponse, qui fut loin de le satisfaire : « Ils défrichent et cultivent la terre. »