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voit passer en ses rêves obsédants…

Non, ce sont plutôt de grandes routes poudreuses, qu’il parcourt, allègre et joyeux, puis, au bout, des villes bruyantes et grouillantes, aux mille et mille clochers, aux toits éclatants ; des villes avec leurs bruits d’enfer, avec leurs faubourgs dangereux, leurs quartiers qui nous rendent muets d’admiration, leurs boulevards bordés d’arbres et de restaurants somptueux, leurs ruelles même, où l’on doit voir tant de choses curieuses et drôles ; et il se sentait emporté à toute vitesse, vers ces inconnus… La mer aussi, la vraie mer, tenait une bonne place dans les rêves fous de Paul. Alors qu’au collège, il lisait les « Aventures de la mer », n’avait-il pas rêvé de la traverser, cette grande fascinatrice ?… Pourquoi pas, une fois parti ; qui pouvait l’arrêter ?… Et c’était alors, dans sa pauvre imagination en délire, des visions folles de pays lointains que baignent des mers étranges… La splendeur même de l’automne, dans son village des Laurentides, lui parlait de contrées mornes et lumineuses, de villes orientales, de plages inconnues, déserts de sables dorés…

Pauvre Paul ! ces germes de rêve, déposés au fond de son âme dès l’ombre originelle, puis, développés ensuite au début de sa vie, par une instruction première, même inégale et incomplète, persistaient, croissaient en