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Page:Potvin - Restons chez nous!, 1908.djvu/36

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On rentre sous le toit… Aux vives et pétillantes ardeurs des brindilles qui flamboient, la lumière, incertaine, s’épand dans le foyer, tandis que le fond du logis est dans l’ombre… La table est mise, la soupe fume et

Le pain doré sent bon comme la nappe blanche ;
tout le monde, excepté Paul, sourit au modeste banquet. Le contentement s’épanche à l’entour, partout, même au fond de l’étable, dans l’obscurité… il y a là de la paille froissée, un cliquetis de chaîne et le bruit mât d’un pied lourd sur le pavé humide : les deux grands bœufs prennent aussi le repas du soir…

Et quand le souper est fini, quand arrive l’heure des bonnes causeries en famille, Paul se retire près d’une fenêtre et continue ses rêves interrompus…

Longtemps alors il laisse son regard plonger dans les profondeurs du ciel étoilé et, bien souvent, réveillé en sursaut, comme au sortir d’un mauvais rêve, il est tout ému et encore tremblant des étranges merveilles qu’il entrevoyait sans cesse… Quels étaient donc ces mondes inconnus que ces rêves persistants amenaient ainsi devant lui ? Était-ce seulement une hallucination passagère ? Son imagination se faisait-elle la complice d’un mirage trompeur ? À certaines minutes il devenait soucieux ; et alors, son esprit, soudainement électrisé au contact de l’infini, acquérait-il