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aussi, d’une des plus belles paroisses de Charlevoix, la Baie St-Paul, était arrivé à Bagotville un des premiers. Il n’avait, certes, pas volé la belle ferme qu’il habitait, non plus que cette terre qu’il cultivait avec amour. Dieu lui avait refusé la faveur d’un fils qui aurait pu l’aider dans ses durs travaux ; mais il s’en consolait quand il voyait sa « fermière » si vaillante, si intéressée ; il s’en consolait aujourd’hui surtout qu’il voyait Paul sur le point de partir ; … peut-être aurait-il fait comme lui, son fils, s’il en avait eu un.

On aimait bien Jeanne à la ferme, chez Jacques Pelletier aussi, où elle était considérée comme enfant de la maison ; et partout où son bon caractère, son humeur joyeuse et sa vaillance l’avaient fait connaître.

Nombreux étaient les jeunes gens, dans la paroisse, qui avaient cherché à accaparer les bonnes grâces de Jeanne. Mais devant sa préférence marquée pour Paul, devant l’amour constant de celui-ci, on avait reculé ; sans en rabattre cependant de l’estime et de l’amitié que l’on avait pour elle…

Et Jeanne était digne en tous points de cette estime générale. Pourquoi donc les idées extravagantes de Paul ne capitulaient-elles pas devant cette grâce ingénue ? … c’était à n’y rien comprendre.

Semblable à ces nénuphars dont le calice