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l’aire coupe le grand silence de la campagne recueillie…

Qui n’a jamais assisté à ces scènes de la campagne, par un brumeux jour d’automne, ne sait pas ce que les choses les plus simples, les plus vulgaires en apparence, peuvent dégager de charme dans leur ensemble… Les rayons d’un tiède soleil tombent dans la cour de la ferme par-dessus les arbres rouges et dépouillés qui bordent les fossés. Sous le gazon tondu par les vaches et les moutons, picoté par les poules, la terre, imprégnée des pluies récentes, enfonce sous les pieds avec un bruit d’eau ; les arbustes à fruits du jardin, dépouillés de leurs feuilles, ne semblent plus que des fagots de branches qu’on a posés là, debout, sur le vert pâle de l’herbage. Tout est à l’abandon dans le pauvre jardin au sol jonché de fruits et de légumes gâtés, ratatinés et plissés par le froid et l’humidité, sentant la pourriture et le moisi, de détritus végétaux secs, de feuilles fanées, rougies, imprégnées d’eau et salies de terre… Autour de l’étable, quelques vaches courent les taches d’herbes, au milieu des flaques d’eau, et meuglent par moments vers la maison ; les volailles mettent un mouvement coloré sur le fumier, devant l’étable, et grattent, remuent, caquettent, tandis qu’un vieux coq chante sans cesse, cherche des vers pour ses poules qu’il appelle d’un gloussement vif. Le