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Page:Potvin - Sous le signe du quartz, 1940.djvu/106

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— Là aussi ? demandèrent tous les hommes, debout, prêts à gagner la tente.

— Il n’y a pas cinquante ans de cela, conta le père Lasnier ; en 1895, il y eut grand émoi dans le district de Québec. On venait de découvrir une mine de charbon dans l’ancienne Île-des-Sorciers. On voyait déjà miroiter des millions. Mais les géologues restaient froids. Ils se firent apporter des échantillons de la « mine », les analysèrent scrupuleusement et découvrirent un simple et vulgaire tuf sans aucune utilité. Et les millions restèrent dans la lune… Et la lune, voyez-la, mes amis, elle est déjà haute ; trop haute pour que nous y allions chercher des parcelles de ces millions que recèle notre sous-sol…

L’astre, en effet, avait totalement pris possession du ciel, et la nuit s’était appesantie sous un océan de nuages luminescents à travers lesquels brillaient quelques étoiles.

— Oh ! cria tout à coup Jos. Dufour. Regardez donc, on dirait une aurore boréale…

Les hommes s’arrêtèrent en groupe à la porte de la tente et levèrent la tête vers le ciel.

Au nord, tout au bord de l’horizon, s’éployait sur le ciel nocturne un pan d’une draperie de couleur bleu-gris, agitée d’un frémissement comme par quelque vent que les sens ne percevaient pas…

— Bah ! Le commencement d’une petite lueur aurorale… J’en ai vu bien d’autres, fit