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du Portage où il avait laissé son canot arrivant de Rouyn. L’homme était las, fatigué, rendu, toute sa forte carrure et ses mouvements accusant le sommeil et la lassitude.

Il y eut un moment de silence qui fut, soudain, rompu par les sonores tuf-tuf d’un canot à essence qui abordait à l’atterrissage et d’où une voix aussitôt partit :

— Dumoulin est-il là ?…

— Oui, il arrive justement, répondirent plusieurs voix.

Dumoulin approcha ; et il y eut un court colloque entre lui et le nouvel arrivant du canot qui venait de Ville-Marie. Puis, tout à coup, Dumoulin réapparut, atterré. On le vit s’asseoir sur un tronc d’arbre, plonger sa figure dans ses deux mains et l’on crut qu’il sanglotait.

Il pleurait, en effet, silencieusement, de ces larmes d’homme qui font mal et qui rongent la face comme un acide…

« Une mauvaise nouvelle de Ville-Marie », fit remarquer quelqu’un.

Tous les hommes du campement soupaient en silence debout autour de la table rustique sur laquelle le « cook » déposait à tout instant des assiettées de grillades de lard, des morceaux croustillants de brochets capturés, le soir même, aux pieds du rapide, et de grands bols de thé noir fumant. La chute, près de là, grondait tou-