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AU SEUIL DE L’OPHIR ABITIBIEN


Le canot remontait à force d’aviron la rivière Kinojévis. L’eau coulait sournoisement le long des rives couvertes de sapins. On voyait parfois de grands arbres pencher leurs cimes sur le courant… Pays désert où la vie ne se manifestait que très rarement. L’embarcation glissait, silencieuse et rapide, longeant les bords. Le silence régnait partout en plénitude. On y sentait l’âme de ce pays nouveau dont la solitude insoupçonnée et la grandeur sévère provoquaient presque la frayeur. Et ce silence, il semblait monter des eaux profondes, se dégager de la forêt, s’appesantir du ciel sur la terre. Obsédant à la fin, il évoquait comme une idée de mort et d’éternité… Quand on fouillait du regard l’épaisseur des fourrés de résineux de la rive, on