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côté de la rivière, sur les rives boisées, des myriades d’oiseaux, petites créatures sans prétention toujours, savaient ramener vers les voyageurs un peu de cette mobilité du paysage qui ne semblait les supporter qu’à la condition de ne pas troubler trop bruyamment les êtres vivants qui se sentaient à son contact comme des intrus. D’immenses vols semblaient se hâter, s’arrêtant, ici et là, aux bords de la rivière, juste le temps de donner un concert. Certains escarpements étaient hérissés de massifs très denses, non pénétrés encore, refuge admirable pour les ours, pensaient les hommes.

De temps en temps, dans une vaste clairière, apparaissaient les tons ternes et neutres de rocs et de blocs erratiques. Alors, les voyageurs, en quelques coups d’aviron, abordaient le rivage, descendaient, cachaient le canot dans un buisson, montaient leur tente, déballaient les paquetons à provisions, mangeaient, se reposaient un brin en fumant une pipe, puis, si la lumière du jour le permettait, se mettaient au travail. C’est-à-dire que de leurs pics, ils frappaient de coups rudes et rapides les roches qui apparaissaient à fleur de terre et dont ils détachaient des fragments qu’ils examinaient longtemps et que parfois ils enfouissaient dans des sacs de toile ; ou bien ils creusaient un peu des nappes de sable brun. Il y avait dans ces premiers piquetages des coups de pic qui leur semblaient heureux.