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Page:Potvin - Sous le signe du quartz, 1940.djvu/171

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jusques au ciel élevaient leurs ramures bruissantes d’aiguilles fines… Mais le « monstre rouge », un jour, passa par là et de sa langue rugueuse et meurtrière rasa tout, ne laissant que l’humus qui recouvrait le quartz révélateur des filons aurifères qu’un heureux hasard, un jour, fait découvrir. Et deux ans plus tard, une ville s’édifiait sur ces « brûlés ».

Ainsi naquit Val d’Or, nom prometteur des fortunes des eldorados abitibiens…

À une époque où nous souffrons d’un excès de tout, d’une pléthore de doctrines et de problèmes de toute nature, nous pouvons encore, heureusement pour notre sensibilité, nous faufiler dans certaines régions du merveilleux, même aux portes de ces laboratoires de poésie latente où le monde indéfiniment se renouvelle. On pourrait même dire que jamais le merveilleux — que l’on croyait bien mort avec les loups-garous et les feux-follets — n’a été aussi dense, aussi touffu qu’aujourd’hui. Même que le merveilleux d’autrefois, au regard de celui d’aujourd’hui, fut assez pauvre et généralement subjectif. Le répertoire des loups-garous, du diable à griffes et à cornes, des farfadets, des feux-follets était plutôt restreint. Tout autre est la poésie du merveilleux moderne qui est partout dans ce qui nous entoure, qui nous frôle, qui surgit à chaque pas que nous faisons. Il se révèle dans tous les événements que rapportent froidement les jour-