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Page:Potvin - Sous le signe du quartz, 1940.djvu/25

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d’eau. Les rives de la rivière toutes ravinées par les torrents d’eau pluviale, étaient partout creusées de trous.

Dans les portages, on avait à transporter sur les tobaganes ou « traînes sauvages » les canots, les provisions et l’attirail des campements ; peaux de bœuf pour les tentes, moulins à bras pour le blé d’inde, haches, pioches, astrolabes, compas et tout et tout… des « trompettes et des violons pour s’attirer la vénération des sauvages »[1]. Traîner tout cela avec le souci de ne rien abîmer, franchir des bancs de glace, traverser les fouillis de boqueteaux aux arbres renversés les uns sur les autres par la tempête, escalader des rochers souvent couverts de glace trempée… Et il pleuvait toujours.

Les hommes en étaient venus à préférer à ces marches éreintantes à terre, les pieds embotés de glace, la conduite des canots « à la perche », les traîner à même la rivière, dans l’eau jusqu’à la ceinture, malgré les cailloux du fond qui les faisaient choir en plongeon.

Il est loin le lac Témiscamingue où l’on prendra quelques jours de repos à la Maison de la Compagnie du Nord. Il y a là quatorze hommes en garnison sur une île plantée dans le delta de la petite rivière Métabet Chouan…

  1. Journal du Chevalier de Troyes annoté par l’abbé Ivanhoë Caron.