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Page:Potvin - Un héros de l'air, l'heureuse aventure de Roméo Vachon, 1955.djvu/51

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Pas de randonnées spectaculaires, non ! Mais ces vols solitaires dans l’espace infini, même par temps clair et calme, ne furent pas toujours un plaisir. Il faut concevoir cette impression pénible de survoler des milles et des milles de plaines sauvages et nues, de chaînes de rochers battus par les vagues, hantées seulement par des troupes d’oiseaux de tempête et dont l’unique végétation rabougrie paraît, de là-haut, comme des ronces de barbelés… Après deux ou trois heures de ces vols déprimants et monotones, où l’air enivre comme une drogue, un virement d’ailes subit et… c’est la même chose, excepté qu’on a pris la côte de la mer. Et alors, c’est, pour celui de là-haut, un peu de l’inconnu ; et l’inconnu épouvante les hommes…

Mais la peur n’a jamais fait fléchir le courage de Roméo Vachon. Le courage, il était un effet de sa droiture, de la gravité lucide qu’on savait de lui. Pour le héros, sa grandeur est de se sentir responsable : de lui, de son mécanicien, de ses passagers, de ce qui s’élabore là-bas ; à terre, pour la gloire et le bien-être du pays et à quoi il doit participer en premier lieu. Il sait que l’on compte sur lui pour une œuvre utile… Il est, chez nos jeunes aviateurs canadiens, militaires et civils, une qualité qui, dirions-nous, n’a point de nom… « Peut-être est-ce la gravité », se demandait l’immortel Saint-Exupéry, dans « Terre des Hommes ». Chez notre Roméo Vachon, le mot satisfait. Tous ceux qui l’ont connu en conviendraient, même et surtout quand on sait que la gravité s’accompagne de gaieté douce et souriante.


Un naufrage à Tadoussac


Mais on ne chevauche pas les airs, surtout au-dessus d’un pays tourmenté comme Charlevoix et la Côte Nord, sans être, au moins une ou deux fois, victime, ou héros, de quelques aventures qui amuseront, si elles ne les horri-