Page:Pouchkine - Boris Godounov, trad Baranoff, 1927.djvu/106

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L’IMPOSTEUR, (bas.)

Voici où m’amena mon malheureux dépit ! Peut-être ai-je à tout jamais détruit mon bonheur si chèrement gagné ! Qu’ai-je fait, insensé que je suis ! (Haut :) Je vois que tu as honte d’avoir aimé un homme et non un prince ; parle donc, tu tiens ma destinée ; décide, j’attends.

(Il se jette à genoux.)
MARINA

Lève-toi, usurpateur ! Tu penses peut-être, en te jetant à mes pieds, pouvoir toucher mon cœur fier ? Mais je ne suis pas une fillette faible et crédule, et tu te trompes, car à mes pieds j’ai déjà vu des nobles comtes, des chevaliers illustres dont j’ai froidement rejeté toutes les supplications, et ce n’est pas pour qu’un moine errant…

L’IMPOSTEUR, (se levant.)

Ne méprise point le jeune usurpateur, car il possède peut-être toutes les qualités pour être digne du trône de Russie ainsi que de ta main précieuse…

MARINA

Digne du gibet infâme, insolent !