Page:Pouchkine - Boris Godounov, trad Baranoff, 1927.djvu/123

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voies de Dieu ; je n’en suis point juge. Le Seigneur peut donner une force miraculeuse aux cendres d’un enfant martyrisé ! Mais il importe avant tout de considérer les événements avec calme et impartialité. Ce serait fou que d’entreprendre une action si grave par ces temps de troubles. On nous accuserait de nous servir de saintes reliques dans un but profane ; le peuple est déjà trop surexcité ; il court assez d’inquiétantes rumeurs ; il ne faut point augmenter encore l’émotion générale par un acte si grave et inattendu. Je conviens qu’il est indispensable de couper court aux bruits que ce bandit répand, mais il faut recourir à des moyens plus simples ; j’offre d’aller moi-même parler au peuple, afin de le convaincre et de le tranquilliser, en lui dévoilant le diabolique mensonge de l’usurpateur.

BORIS

Qu’il soit fait ainsi ! Mon père Patriarche, je te prie de bien vouloir me suivre, car j’ai besoin d’avoir un entretien avec toi.

(Il sort, suivi des boyards.)
PREMIER BOYARD, (bas à l’autre)

As-tu vu la pâleur du tsar, et comme son front suait à grosses gouttes ?