Page:Pouchkine - Boris Godounov, trad Baranoff, 1927.djvu/138

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Peu d’entre nous survivent à la bataille ! C’est votre faute à vous, cosaques maudits, brigands et traîtres, qui n’avez pas su tenir un seul instant. Je les ferai pendre tous !

POUCHKINE

Quelle qu’en soit la cause, nous sommes tous battus et décimés.

L’IMPOSTEUR

La victoire, pourtant, déjà nous favorisait ; quand je fis battre en retraite ma troupe d’avant-garde, les Allemands nous assaillirent. Les braves ! Ma parole, c’est avec eux que je formerai ma garde d’honneur !

POUCHKINE

Où allons-nous coucher, cette nuit ?

L’IMPOSTEUR

Ici, dans cette forêt ; n’est-ce pas un bon gîte ? À l’aube nous nous mettrons en marche, et vers midi, j’espère, nous arriverons à Rilsk. Je vous souhaite bonne nuit.

(Il se couche, en mettant une selle sous sa tête, et s’endort.)
POUCHKINE

Beaux rêves, tsarewitch ! Battu, défait, contraint de fuir, il reste insouciant comme un petit enfant ; certainement que la Providence le protège ! Quant à nous, mes braves, gardons toujours bon espoir !