Page:Pouchkine - Boris Godounov, trad Baranoff, 1927.djvu/36

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les ramène de force vers le petit cadavre. Ô miracle ! l’enfant mort semble soudain tressaillir. — « Avouez ! » clamait le peuple menaçant ; saisis d’épouvante, la tête sous la hache, les assassins avouèrent et dénoncèrent Boris.

GRÉGORI

Quel âge pouvait avoir l’enfant assassiné ?

PIMÈNE

À peu près sept ans. Il aurait aujourd’hui… (dix ans ont bien passé ; non pas, bien davantage : douze ans). Il aurait ton âge, et il régnerait si Dieu l’avait voulu. Par ce navrant récit, je termine mon histoire. Depuis, j’ignore tout du monde extérieur ; je te remets mon œuvre, Grégori ! Quand tu auras fini ta tâche journalière, décris, mon fils, avec simplicité tous les événements dont tu seras témoin : la guerre, la paix, le règne des tsars puissants ; décris les saints miracles des pères bienheureux ; dis les prédictions et les signes célestes. Pour moi, il est grand temps de prendre du repos, et d’éteindre la flamme de ma lampe fidèle… Mais voici que sonnent les matines ; donne-moi ma béquille, Grégori.

(Il s’en va.)