Page:Pouchkine - Boris Godounov, trad Baranoff, 1927.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’IMPOSTEUR

Que veux-tu ?

LE POÈTE, (lui remettant un papier)

Accepte avec bonté ce modeste fruit d’un long travail.

L’IMPOSTEUR

Que vois-je ? des vers latins ! L’épée avec la lyre font une alliance sacrée ; c’est le même laurier qui les ceint l’une et l’autre. C’est sous le ciel du Nord que j’ai vu le jour, mais je connais ta voix, ô douce muse latine, et j’aime les fleurs du Parnasse. Je crois aux prophéties des poètes ; ce n’est pas en vain que l’inspiration les brûle, et l’exploit qu’ils célèbrent est béni de Dieu. Approche, ami (il lui donne une de ses bagues), et prends ceci en souvenir. Lorsque ma destinée enfin s’accomplira, et lorsque j’aurai posé sur ma tête la couronne de mes ancêtres, j’espère alors entendre à nouveau ta douce voix, ton hymne inspiré ! Musa gloriam coronat, gloriaque musam. C’est pour demain, amis, au revoir.

TOUS

En marche ! en marche ! Et vive le prince Dimitri !