Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/144

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qu’on apporta le thé. — J’aime à fixer l’heure du dîner, du thé et du souper, mais à la campagne il n’en est pas besoin ; notre meilleure montre c’est notre estomac.

N’allons pas oublier de faire remarquer, entre parenthèses, qu’il est question dans nos vers de festins, de plats et de bouteilles, aussi souvent que dans les tiens, ô divin Homère, l’idole de trente siècles !


J’ose même dire que je me sens en état de lutter contre toi dans l’énumération des services d’un dîner. En toute franchise, j’ajouterai que je me sens vaincu sur plusieurs autres points. Ainsi tes farouches héros, tes combats merveilleux, ta Cypris et ton Jupiter sont bien supérieurs au froid Onéguine, à l’ennui et à la paresse de la vie champêtre, et même à notre éducation fashionable, et à mon Istomina ; mais quant à ma Tania, je jure bien qu’elle vaut mille fois ton Hélène.


Et personne ne me contredira, non, personne, quoique, pour Hélène, Ménélas n’ait cessé, dis-tu, pendant cent années, de porter le ravage dans l’infortunée Phrygie, et quoiqu’en la voyant passer,