Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/147

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servé sa beauté primitive, les bonds, les talons, les moustaches. Là, du moins, la mode, ce tyran des Russes modernes, n’a pu encore y rien changer.


Bouianoff, mon intrépide cousin, amène à notre héros Tatiana et Olga ; vite Onéguine saisit Olga, et en dansant négligemment, il se baisse et lui récite à l’oreille quelque madrigal absurde ; — il lui serre la main, et son visage égoïste se couvre d’un incarnat passionné. Lensky a tout vu, il s’indigne, il ne peut plus se contenir, et, après la mazourka, il invite sa fiancée pour le cotillon.


Elle refuse. Et pourquoi ? Elle a déjà promis à Eugène. — Mon Dieu ! mon Dieu ! qu’a-t-il entendu ? Elle a pu… Est-ce possible ! À peine sortie de l’enfance, et déjà coquette et volage ! Elle ignore tout de la vie et connaît pourtant la ruse, la trahison ! Lensky n’a pas la force de supporter ce coup ; il sort, demande son cheval et s’élance au galop en maudissant les tours diaboliques des femmes. « Une paire de pistolets et deux balles décideront de son sort. »