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Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/161

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Onéguine demanda à Lensky : « Eh bien ! commençons-nous ? » — « Soit, » dit Wladimir ; et ils se rendirent derrière le moulin, pendant que notre Zaretsky et l’honnête homme s’entretenaient des chances du combat.

Les ennemis se placèrent l’un devant l’autre, les yeux baissés.

Les ennemis ! Y a-t-il longtemps qu’ils ont soif du sang l’un de l’autre ? Y a-t-il longtemps qu’ils partageaient en frères leurs repas, leurs loisirs, leurs soins et leurs pensées ? Aujourd’hui, la rage dans le cœur, comme animés dans un rêve affreux, incompréhensible, d’une haine héréditaire, — ils méditent froidement leur perte. — Et cependant, ne devraient-ils pas s’entendre, maintenant que leurs mains ne sont pas encore teintes de sang ? ne devraient-ils pas s’expliquer sur une offense qui n’a pas été sérieuse et ne doit se terminer que par le rire des combattants ? Mais le courage du monde n’affronta jamais la fausse honte.

Déjà brille le canon des pistolets ; la baguette retentit ; la balle descend dans le tube ciselé ; la batterie sonne une première fois ; la poudre descend