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Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/60

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le goût sévère et sage de nos pères. Les chambres étaient vastes et paisibles ; dans les salons, de riches tentures couvraient les murailles où étaient suspendus des portraits de famille. Enfin, lecteur, les poêles étaient en faïence de Hollande. — Ces choses sont aujourd’hui passées de mode, et je ne sais vraiment pourquoi ! — Du reste, ces détails importaient fort peu à mon ami ; le bâillement le prenait aussi bien dans les salons à la mode que dans les salons surannés.

Il s’installa dans l’appartement où son oncle vieillard casanier, avait, pendant quarante ans, fait la guerre à sa femme de charge, tout en regardant par la fenêtre et en tuant les mouches. Là, tout était fort simple : un plancher en bois de chêne, deux armoires, une table, un sopha ; et sur tous ces meubles vous eussiez vainement cherché un peu de poussière ou une tache d’encre. Eugène ouvrit les armoires. Dans la première il trouva le cahier des dépenses, dans la seconde une rangée de bouteilles de nalivka[1], des

  1. Nalivka, liqueur faite avec des cerises macérées dans l’eau de vie.