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Page:Pouchkine - La Fille du capitaine, 1901.djvu/112

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ma femme. Je saisis la main de la pauvre jeune fille, et la couvris de baisers et de larmes.

« Adieu, me dit la femme du pope en me reconduisant, adieu, Piôtr Andréitch ; peut-être nous reverrons-nous dans un temps meilleur. Ne nous oubliez pas et écrivez-nous souvent. Vous excepté, la pauvre Marie Ivanovna n’a plus ni soutien ni consolateur. »

Sorti sur la place, je m’arrêtai un instant devant le gibet, que je saluai respectueusement, et je pris la route d’Orenbourg, en compagnie de Savéliitch, qui ne m’abandonnait pas.

J’allais ainsi, plongé dans mes réflexions, lorsque j’entendis tout d’un coup derrière moi un galop de chevaux. Je tournai la tête et vis un Cosaque qui accourait de la forteresse, tenant en main un cheval de Bachkir, et me faisant de loin des signes pour que je l’attendisse. Je m’arrêtai, et reconnus bientôt notre ouriadnik. Après nous avoir rejoints au galop, il descendit de son cheval, et me remettant la bride de l’autre : « Votre Seigneurie, me dit-il, notre père vous fait don d’un cheval et d’une pelisse de son épaule. »

À la selle était attaché un simple touloup de peau de mouton.

« Et de plus, ajouta-t-il en hésitant, il vous donne un demi-rouble… Mais je l’ai perdu en route ; excusez généreusement. »

Savéliitch le regarda de travers : « Tu l’as perdu en route, dit-il ; et qu’est-ce qui sonne dans ta poche, effronté que tu es ?

– Ce qui sonne dans ma poche ! répliqua l’ouriadnik sans se déconcerter, Dieu te pardonne ; vieillard ! c’est un mors de bride et non un demi-rouble.

– Bien, bien ! dis-je en terminant la dispute ; remercie de ma part celui qui t’envoie ; tâche même de retrouver en