Aller au contenu

Page:Pouchkine - La Fille du capitaine, 1901.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

III

LA FORTERESSE


La forteresse de Bélogorsk était située à quarante verstes d’Orenbourg. De cette ville, la route longeait les bords escarpés du Iaïk. La rivière n’était pas encore gelée, et ses flots couleur de plomb prenaient une teinte noire entre les rives blanchies par la neige. Devant moi s’étendaient les steppes kirghises. Je me perdais dans mes réflexions, tristes pour la plupart. La vie de garnison ne m’offrait pas beaucoup d’attraits ; je tâchais de me représenter mon chef futur, le capitaine Mironolf. Je m’imaginais un vieillard sévère et morose, ne sachant rien en dehors du service et prêt à me mettre aux arrêts pour la moindre vétille. Le crépuscule arrivait ; nous allions assez vite.

« Y a-t-il loin d’ici à la forteresse ? demandai-je au cocher.