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Page:Pouchkine - La Fille du capitaine, 1901.djvu/42

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rapiécer son uniforme dans l’antichambre du capitaine, entra et m’invita à dîner de la part de Vassilissa Iégorovna. Chvabrine déclara qu’il m’accompagnait.

En nous approchant de la maison du commandant, nous vîmes sur la place une vingtaine de petits vieux invalides, avec de longues queues et des chapeaux à trois cornes. Ils étaient rangés en ligne de bataille. Devant eux se tenait le commandant, vieillard encore vert et de haute taille, en robe de chambre et en bonnet de coton. Dès qu’il nous aperçut, il s’approcha de nous, me dit quelques mots affables, et se remit à commander l’exercice. Nous allions nous arrêter pour voir les manœuvres, mais il nous pria d’aller sur-le-champ chez Vassilissa Iégorovna, promettant qu’il nous rejoindrait aussitôt. « Ici, nous dit-il, vous n’avez vraiment rien à voir. »

Vassilissa Iégorovna nous reçut avec simplicité et bonhomie, et me traita comme si elle m’eût dès longtemps connu. L’invalide et Palachka mettaient la nappe.

« Qu’est-ce qu’a donc aujourd’hui mon Ivan Kouzmitch à instruire si longtemps ses troupes ? dit la femme du commandant. Palachka, va le chercher pour dîner. Mais où est donc Macha ? »

À peine avait-elle prononcé ce nom, qu’entra dans la chambre une jeune fille de seize ans, au visage rond, vermeil, ayant les cheveux lissés en bandeau et retenus derrière ses oreilles que rougissaient la pudeur et l’embarras. Elle ne me plut pas extrêmement au premier coup d’œil ; je la regardai avec prévention. Chvabrine m’avait dépeint Marie, la fille du capitaine, sous les traits d’une sotte. Marie Ivanovna alla s’asseoir dans un coin et se mit à coudre. Cependant on avait apporté le chtchi. Vassilissa Iégorovna,