d’agir, sans tenir compte de la masse réfractaire, — et ce, sous peine d’être forcée à plier l’échine, tout comme les inconscients.
Au surplus, la masse amorphe, pour nombreuse et compacte qu’elle soit, serait très mal venue à récriminer. Elle est la première à bénéficier de l’action de la minorité ; c’est elle qui a tout le profit des victoires remportées sur le patronat. Au contraire, les militants sont souvent les victimes de la bataille ; les patrons les pourchassent, les mettent à l’index, les affament, — et ce, avec la complicité du gouvernement.
Donc, l’action syndicale, si infime que soit la minorité militante, n’a jamais une visée individuelle et particulariste ; toujours elle est une manifestation de solidarité et l’ensemble des travailleurs intéressés, quoique n’y participant en rien, est appelé à bénéficier des résultats acquis.
Qui pourrait récriminer contre l’initiative désintéressée de la minorité ? Ce ne sont pas les inconscients, que les militants n’ont guère considérés que comme des zéros humains, n’ayant que la valeur numérique d’un zéro ajouté à un nombre, s’il est placé à sa droite. Que ne viennent-ils au syndicat ? Il n’est pas un groupement fermé ; d’ailleurs, loin de se passer de leur concours, les militants s’efforcent de les syndiquer, d’avoir leur appui.
Ainsi apparaît l’énorme différence de méthode qui distingue le syndicalisme du démocratisme : celui-ci, par le mécanisme du suffrage universel, donne la direction aux inconscients, aux tardigrades (ou mieux à leurs représentants) et étouffe les minorités qui portent en elles l’avenir. La méthode syndicaliste, elle, donne un résultat diamétralement opposé : l’impulsion est imprimée par les cons-