de rouler à l’abîme… c’est-à-dire, à la condamnation formelle de la société actuelle.
En effet, la falsification, la sophistication, la tromperie, le mensonge, le vol, l’escroquerie sont la trame de la société capitaliste ; les supprimer équivaudrait à la tuer… Il ne faut pas s’illusionner : le jour où on tenterait d’introduire dans les rapports sociaux, à tous les degrés et dans tous les plans, une stricte loyauté, une scrupuleuse bonne foi, plus rien ne resterait debout, ni industrie ni commerce, ni banque…, rien ! rien !
Or, il est évident que, pour mener à bien toutes les opérations louches auxquelles il se livre, le patron ne peut agir seul ; il lui faut des aides, des complices… il les trouve dans ses ouvriers, ses employés. Il s’en suit logiquement qu’en associant ses employés à ses manœuvres — mais non à ses bénéfices — le patron, dans n’importe quelle branche de l’activité, exige d’eux une soumission complète à ses intérêts et leur interdit d’apprécier et de juger les opérations et les agissements de sa maison ; s’il en est qui ont un caractère frauduleux, voir criminel, cela ne les regarde point. « Ils ne sont pas responsables… Du moment qu’on les paie, ils n’ont qu’à obéir… », ainsi l’observait très bourgeoisement le préposé de la « Parisienne » dont il a été question plus haut.
En vertu de tels sophismes, le travailleur doit faire litière de sa personnalité, étouffer ses sentiments et agir en inconscient ; toute désobéissance aux ordres donnés, toute violation des secrets professionnels, toute divulgation des pratiques, pour le moins malhonnêtes, auxquelles il est astreint, constitue de sa part un acte de félonie à l’égard du patron.
Donc, s’il se refuse à l’aveugle et passive soumission,