six trains en panne à deux kilomètres de Rome et dont les voyageurs pestent à qui mieux mieux, et… nous voici sous la coupe des contrôleurs qui passent leur temps à faire signer les voyageurs munis de permis, de demi-permis et de billets circulaires.
Cependant, première station. Des voyageurs montent. Les employés vérifient lentement la fermeture de toutes les portières, qu’ils ouvrent et ferment. Dix minutes se perdent encore. Malgré tout, le chef de gare siffle pour le départ.
Momento ! lui crie le chef de train. Momento !
Qu’y-a-t-il ? demande le chef de gare.
Je vais fermer la vitre de ce compartiment, là bas, comme le prescrit l’article 676 du règlement.
Et il le fait comme il l’a dit !
On repart… À la gare suivante, nouvelle comédie.
Il y a là des colis à prendre, neuf malles et cinq valises que le chef de train tient à vérifier avant de les admettre — comme il est prescrit par l’article 739 du règlement.
Et nous sommes arrivés enfin à Civita-Vecchia, à minuit 40, avec près de trois heures de retard, sur un parcours qui, d’ordinaire, se fait en deux heures…
Voilà ce qu’est l’obstructionnisme : respect et application, poussés jusqu’à l’absurde, des règlements ; accomplissement de la besogne dévolue avec un soin excessif et une non moins excessive lenteur.
Ceci exposé, il n’est pas inutile de connaître l’appréciation portée sur cette tactique de lutte par le Congrès International des Ouvriers du Transport qui se tint à Milan, en Juin 1906. Le rapporteur était un délégué autrichien, le citoyen Tomschick :
Il est très difficile de dire, déclara-t-il : le Congrès recommande aux travailleurs des chemins de fer de se mettre en grève ou d’employer la résistance pas-